EXPOSITION |2 juillet > 4 août 2018 FROM THE QUIET SIDE Rencontres d’Arles 2018

From the quiet side regroupe les dernières recherches du photographe colombien Andrés Donadio et la première exposition publique des céramiques de l’artiste-artisan Frédérique Penel. Semant le trouble entre les notions d’objet et d’œuvre d’art, l’exposition joue de l’altération de la vision la nuit pour interroger la porosité des frontières traditionnelles entre pratique artisanale et artistique.

Dans sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, Saunderson, mathématicien aveugle cité par Diderot, se penche sur la question de la perception visuelle. Il en déduit que faute de voir la nature et de pouvoir la constituer en image, le paysage n’existe pas. Pourtant les photographies de Donadio sont réalisées à l’aveugle sans éclairage artificiel ni pauses longues. Ses images sont le résultat de balades nocturnes au cours desquelles l’acte photographique nie le principe fondamental du médium : l’action de la lumière.

Dans cette série, il photographie un paysage invisible à l’œil nu. Il inverse les principes historiques de la réalisation d’une image photographique : absence de lumière apparente au moment de la prise de vue et révélation de l’image, non pas dans l’obscurité de la chambre noire, mais au grand jour du numérique. C’est face à l’ordinateur, que l’artiste découvre et révèle les motifs captés par la camera.

Loin des écrans, le travail de Frédérique Penel est fait de matière palpable. Elle a mis de côté sa machine à tricoter et ses aiguilles, pour la terre qu’elle travaille à la manière d’une habile couturière. Art modeste, art brut, outsider art ? Chercher à classer cette inspiration du banal est loin des préoccupations de l’artiste. Elle même se revendique artisan. Pourtant cette série de modules d’architectures blancs, gris ou noirs, n’est pas sans rappeler l’obsession des Becher.  A l’instar de leurs photographies l’artiste nous confronte sans détour au basculement de la fin d’une époque.

Son sens de l’observation des éléments d’architecture minimaliste du siècle passé – cheminées industrielles, châteaux d’eau, réservoirs, vespasiennes, hauts fourneaux – s’illustre dans la rigueur de ses choix plastiques. Son intérêt pour la monochromie, l’uniformité de la matière, l’aspect brut non emmaillé convoquent les fantômes d’une industrialisation sur le déclin.

L’homme est nul part. Les paysages de Donadio sont vidés de toutes traces humaines et des architectures de Penel ne subsistent que le souvenir des travailleurs de ces lieux de labeur.

Le titre From the Quiet Side est une référence à l’impossibilité physique de capturer  un objet sans perturber son état calme en raison de la double nature de la lumière : les ondes et les particules.

Penel y parvient en laissant de côté les détails superflus au point d’abandonner la couleur, pour créer une ville en grès cuit où l’objet s’efface pour laisser place à la mémoire. Donadio, déjouant l’effet perturbateur de la lumière, donne naissance à des paysages d’une tranquillité quasi statique, par opposition au bruit présent dans les images, qui les inscrit dans une esthétique contemporaine, celle du pixel et du numérique.

 

Mélanie Bellue, 2018

 

 

Vernissage

samedi 30 juin > 19:00


Exposition

2 juillet > 4 août
du 2 au 8 juillet tous les jours
10h30 > 12h30 / 15h > 19h

du 11 juillet au 4 août mercredi au samedi
15h > 19h ou sur rendez-vous 0602650183