Principalement ancré dans la vidéo, le travail de Muriel Toulemonde réinvestit depuis quelques années une pratique assidue du dessin. Mêlant assurance et fragilité, ses œuvres les plus récentes rejoignent ses préoccupations d’artiste vidéaste : le corps, l’exploration de ses possibles, mais aussi de ses limites. Par son poids, son volume, sa non-malléabilité, le rouleau, utilisé comme support d’un journal intime, impose à l’artiste des contraintes peu communes. Pareil au défilement d’images d’un film, le flux ininterrompu des dessins de Muriel Toulemonde se déploie, séquence de gestes spontanés, à mi-chemin de l’écriture et du dessin automatiques.
Commandés par la même urgence que le légendaire rouleau de On the Road, tapé par Kerouac en trois semaines à peine, sans paragraphe ni retour à la ligne, les Rouleaux intimes de Muriel Toulemonde se déploient sur une période beaucoup plus longue, mais s’apparentent à cette « prose spontanée ». La musicalité n’est jamais loin, et l’improvisation passe souvent par un jeu de mains, l’artiste utilisant indifféremment la droite et la gauche – quand ce n’est pas les deux à la fois.