ALine

Le travail de dessins en cours de Muriel Toulemonde

La proposition d’exposition ALine, émane directement des travaux récents de l’artiste, déplaçant dans la pratique du dessin, des préoccupations déjà fortement en jeu dans son travail vidéo. Entre improvisation et écriture automatique, la répétition du geste s’apparente aux athlètes de ses vidéos. Souvent les corps sont mis à l’épreuve de la répétition dans le cadre de séances de rééducation ou d’entrainement. Mais contrairement au sportif qui recherche la performance, le travail de Muriel Toulemonde semble vouloir retrouver un geste initiale, voir même primitif.

Le dessin dans cette recherche advient comme ligne, une inscription, voir même un enregistrement. C’est un processus mental autant que physique, d’autant que dans ce processus, les dessins s’effectuent à deux mains simultanément et en symétrie. La main devient alors une sorte d’outil de mesure, comme un sismographe retranscrivant les ondes du corps. C’est ce mouvement sur l’espace du papier, geste ni tout à fait machinique, ni tout à fait improvisé, tenu dans sa symétrie, concentré dans la durée, qui fait dessin.

Il s’agit aussi de retrouver l’échelle du corps de l’artiste, dans un travail d’atelier, de mesurer l’envergure des deux bras face au mur ou à plat sur la table. Souvent ses dessins sont réalisés à la chaîne, sur des rouleaux de plusieurs dizaines de mètres ou des rames de papier. Le rouleau, qui contient dans son enroulé ses séquences invisibles, apparaît comme une figure temporelle qui fait écho à la timeline de la séquence vidéo.

Cette inscription du dessin dans une temporalité se retrouve dans l’installation photographique : Timeline et le choix d’une projection sur ces mêmes rouleaux qui peuvent servir de support à ses dessins. Mêlant assurance et fragilité, les expérimentions les plus récentes de supports et de formes de Muriel Toulemonde, rejoignent ses préoccupations d’artiste vidéaste : le corps, l’exploration de ses possibles, mais aussi de ses limites.

Muriel Toulemonde et Mélanie Bellue, 2017