Je me suis demandée pourquoi le dernier travail de Muriel Toulemonde, une série de spirales de diamètres identiques de 60 cm, sur le même fond gris uni, me touchait autant.
Certes l’artiste continue son travail de recherche sur le geste, le travail de la main et sa capacité « à tenir la ligne ». Rappelons que Toulemonde pendant des années s’est intéressée aux entrainements de sportifs, à la rééducation de chevaux blessés, à cette capacité qu’a le corps de résister dans l’effort.
On retrouve dans cette nouvelle série la notion d’endurance. Le geste est lent, répétitif. Dans un élan de grande concentration, l’artiste passe de la main droite à la main gauche une heure durant. Chaque boucle est une tentative de réajustement du geste précédent visant le cercle parfait. Et pourtant loin d’une monotone perfection, le jeu de relais de ses mains invite à une ronde psychédélique. La spirale se déploie sous le pastel sec qui rétrécie, casse parfois. Il diminue en laissant la trace irrégulière de son passage. Le dépôt de pigment accentue la beauté de l’imperfection. La rivalité de la couleur du fond et celle de la ligne renforce l’effet vibratoire des traces de matière. On parle en musique du triton, le 3ème ton, pour un accord dissonant du fait de la tension qu’il engendre. Diabolus in musica.
La spirale est une forme fondamentale inscrite dans la structure même de la vie et de l’univers. L’ADN, à la base de toute cellule vivante, a une structure en double hélice. La galaxie dans laquelle nous évoluons, la Voie Lactée, est dénommée galaxie spirale en raison de sa forme aplatie tel un disque tourbillonnant.
Les derniers dessins de Muriel Toulemonde me touchent car en une seule et unique ligne, ils évoquent la vie. Il y a dans cette série le caractère répétitif non seulement du geste, mais du protocole de création. Chaque séquence est soigneusement agencée, articulée. Tel un rite, le cérémonial est rejoué plusieurs fois avec la même efficacité, la même amplitude. Il y a dans chaque dessin l’infini devant soi. Les recherches formelles de l’artiste s’effacent pour laisser la place à une forme de langage universelle. Ses spirales nous plongent dans l’emprunte gigantesque d’un arbre centenaire, nous invitent à nous perdre dans un labyrinthe éternel, elles raisonnent comme l’écho, comme les cercles d’une pierre jetée dans l’eau. La ligne se mue de ronde en vibration. Ses dessins sont musique. Ils parlent du temps. Ils convoquent la magie.
journée d’ouverture
samedi 11 novembre 2021 de midi à minuit
exposition
11 novembre > 31 décembre 2021
mardi et mercredi 12h > 17h
du jeudi au samedi
12h > 19h
rendez-vous
06 02 65 01 83
Photo de l’exposition de Muriel Toulemonde © Lionel Roux