Paulette est née dans un carton.
Paulette est un prénom écrit sur le couvercle d’une boîte de papier photographique du début du siècle. À l’intérieur de celle-ci, reposaient une dizaine de plaques de verre anonymes datant des années 30. Cent ans plus tard, Paulette apparaît comme une figure fantomatique. Jacques Bastide nous offre sa silhouette en resinotype*, Marie Herbreteau modélise sa robe et Lucile Bellue imagine les bijoux de cette femme énigmatique.
Jacques Bastide est à l’origine de cette reconstitution contemporaine. Poursuivant son travail de mise à jour de fonds photographiques abandonnés dans sa maison d’enfance et de plaques chinées lors de brocantes et de vide-greniers, il fait renaître cette mystérieuse créature. Les portraits ainsi révélés ont inspiré une création originale à Marie Herbreteau avec son tissu de prédilection, le drap en toile métis. La couturière a ajouté de la mousseline de coton et des plumes patiemment glanées. Le temps d’une exposition, Paulette a quitté son cadre pour déambuler entre les Vosges, les Flandres et la Camargue. Sa robe est à la fois un hommage au style vestimentaire du début du siècle et une création contemporaine à l’élégance intemporelle. Lucile Bellue, créatrice de bijoux contemporains, a façonné les parures de Paulette avec une touche surréaliste. Ses œuvres allient poésie et humour décalé : un sonotone en pendentif, une bague ballon gonflée à l’hélium, et ses irrésistibles réservoirs à émotions, de petites broches que l’on porte près du cœur. Lorsqu’une émotion nous submerge, il suffit de verser nos larmes dans ce réservoir pour apaiser notre esprit.
Ensemble, Bastide, Herbreteau et Bellue marient humilité et splendeur dans un voyage intime anachronique.
Mélanie Bellue
