Depuis l’installation de son atelier à Arles en 2016, Muriel Toulemonde développe, en parallèle à une exploration de la vidéo comme matériau temporel, un travail qui prolonge l’expérience de l’enregistrement et de la durée dans la pratique du dessin.
La proposition d’exposition Passe Temps, Killing Time émane des travaux récents de l’artiste. Entre improvisation et écriture automatique, la répétition du geste s’apparente aux athlètes de ses vidéos. Souvent les corps, humains ou animaux, sont mis à l’épreuve de la répétition dans le cadre de séances de rééducation ou d’entrainement. Mais contrairement à celui du sportif qui cherche la performance, le travail de Muriel Toulemonde semble vouloir retrouver un geste initial, voir primitif.
C’est un processus mental autant que physique. Le dessin, effectué à deux mains simultanément et en symétrie, advient comme une inscription. La main de l’artiste devient alors une sorte d’outil de mesure, comme un sismographe retranscrivant les ondes du corps. C’est ce mouvement, concentré dans la durée sur l’espace du papier, qui fait dessin.
Dans l’exposition Passe Temps, Killing Time présentée à l’archevêché en collaboration avec Mélanie Bellue, commissaire, une vingtaine d’œuvres mettent en jeu une combinaison corps-temps-espace. Au différé et distancié de la vidéo répond le présent et le tactile du dessin. Le rouleau, dans l’ensemble de ce parcours, apparaît comme figure essentielle d’une matérialisation du temps.
Muriel Toulemonde et Melanie Bellue, Arles 2020
« L’espace de l’atelier et celui du rêve me sont proches. J’y ré-agence le monde à partir des données du réel et des émotions que celui-ci réveille. Ce qui se trame alors suit un cheminement imprévisible, dont le point d’origine peut remonter très loin. »
Muriel Toulemonde