Reeve Schumacher glane au rythme de vide‐greniers, de brocantes mais surtout de ballades dans la nature, le matériel premier qui sert la réalisation de ses œuvres. Les 45 tours sont incisés pour Sonic Braille, les pochettes d’albums et les cartes postales servent ses collages alors que se retrouvent dans ses sculptures ou ses installations, cordes, amarrages, voile de bateau, métal rouillé. Lorsque son travail se développe en relief, les mathématiques sont toujours très présentes. Le recours aux courbes et aux fractales engendre des volumes qui se déploient pour converger vers la spirale, forme obsessionnelle de son travail, ouverture sur l’infini.
Sonic Braille se situe à cheval entre art et musique. Reeve Schumacher utilise des disques vinyles qu’il incise avec un cutter pour créer un son littéralement «fait main», que le diamant du tourne-disque traduit à la façon d’un doigt qui lit du braille. Si au départ les séries d’incisions étaient sommaires, Reeve Schumacher a très vite conduit Sonic Braille vers la tonalité et vers des rythmiques plus complexes, jusqu’à créer une expérience sonore à la frontière de la techno-analogique et de l’art brut. En live, il enchaîne ses disques préparés sur trois platines dans une ambiance sonore qui joue aussi bien de la douceur que du tumulte, et n’hésite pas à recourir au chant.
Schumacher a l’oreille absolue, il écoute vibrer le monde. Talismans géants à base d’amarrages en suspension, sculptures cinétiques qui associent le son et la lumière sous forme de flashs stroboscopiques, ses installations, souvent in situ, s’inscrivent, dans le prolongement de l’art optique et cinétique, avec en plus la dimension singulière, voire magique du chaman.
Né en 1981 à Minneapolis aux États-Unis, c’est à Miami que Reeve Schumacher se tourne définitivement vers la musique et les arts plastiques. En 2010, il s’installe à Arles où il cofonde LHOSTE, un espace alternatif consacré à l’art contemporain et au son expérimental. Venu du folk, du rock et de la musique classique, il a enregistré trois albums, notamment Waste Land en 2015, basé sur un poème du même nom de TS Eliot.